Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
JusteHistoireDe
Archives
23 septembre 2012

Une rencontre

La sonnerie retentit et un brouhaha s'éleva des quatre coins de la salle. Tout le monde ramassa ses affaires, sortit dans les couloirs et chacun pris son chemin vers la sortie ou la salle suivante, fin de journée ou nouvelle heure de cours. Pour moi ce fut ma dernière heure de cour et à peine étais-je arrivée dans la salle que j'étais déjà assise sur une chaise, les coudes sur la table, la tête appuyée sur une main, les yeux dans le vague. Le cour de français débuta comme d'habitude, l'enseignante parlait, quelques mains se levèrent puis des chuchotements se firent entendre mais je ne comprenais rien ou peut-être que je ne voulais simplement pas comprendre. Je regardais les murs blancs, salis par le temps et les mauvais traitements des élèves, et dessinais des formes dans l'air comme s'il y avait eu de la fumée colorée qui dansait et tourbillonnait dans des formes et des courbes délicates et subtiles.

Cette heure passa plutôt vite, rapidement je me levais, entraînée par la foule j'avançais vers la sortie du bâtiment et me dirigeais vers la porte de sortie du lycée, toujours dans mes pensées, absorbée par mes dessins de fumé. Il est arrivé derrière moi et m'a simplement accosté. Mon coeur fit un bon dans ma poitrine, me sortant subitement du vague et me faisant peur. J'espérais qu'il n'avait rien remarqué et j'ai sûrement eu de la chance de ne pas tomber tellement j'étais désorientée. Mais tout revint vite à la normale et nous commencions à échanger. Aux grilles, je choisis de faire un détour qui ne me rallongeait que de quelques minutes pour pouvoir parler avec lui un peu plus longtemps, jusqu'à ce que je sois obligée de partir. Je voulais juste que ce moment s'éternise, que chaque seconde soit plus longue, presque que le temps s'arrête pour que rien ne change, rien ne bouge ou ne s'en aille, que rien ne disparaisse.

Nous nous sommes posés au coin de la rue pour continuer car il montait et je descendais, mais il ne semblait pas pressé de partir alors j'en profitais et restais  face à lui, simplement heureuse d'être là. J'espérais qu'il ne me jugeait pas, qu'il ne se contentait pas de voir ce qui était en surface mais qu'il regardait ce qu'il ne pouvait pas voir, ce qui se cachait. Je voulais le connaître, tout savoir de lui dans les moindres détails, sans que rien ne m'échappe, apprendre par coeur ses gestes et ses expressions comme pour chacun de mes amis. Mais en même temps, je voulais qu'il reste un étranger, que je ne connaisse de lui que ce qu'il me montrait et qu'il se dévoile chaque jour un peu plus pour qu'au final je l'oublie que tout recommence, qu'il redevienne ce parfait inconnu que j'apprendrai à connaître pour toujours sans jamais savoir qui il est et qu'il me paraisse toujours si familier et proche sans que je ne puisse l'étreindre. 

Quand la discussion fut terminée, nous sommes partis, chacun de notre côté, dans des directions opposées. Je m'arrêtais quelques secondes pour le regarder s'en aller puis je reprenais ma route, traversais le tram par la passerelle et descendais la rue jusque chez moi. J'ai pensé à cette scène tout le reste de la journée, je la revoyais dans mon esprit encore et encore pour en conserver chaque détails et qu'elle soit toujours aussi claire dans ma tête. Rien n'aurait pu venir ternir la fin de ma journée, j'étais trop heureuse de cette rencontre. Je me suis dit que c'était peut-être ça la magie d'une rencontre, que c'était sûrement un signe, un signe invisible mais qui était pourtant là, devant moi. Pour rien au monde je n'aurai voulu changer quoi que ce soit et si je le pouvais, je rejouerais cette scène autant de fois qu'il m'en viendrait l'envie, comme une pièce de théâtre ou une sorte de film.

Se reconnaîtra-t-il dans ce texte, se verra-t-il entre les lignes de ce tableau dont les couleurs sont invisibles et pourtant si éclatantes? En tout cas, moi, je le vois ...

 

Publicité
Commentaires
S
Disparue ? Bonne année quand même !
D
Vraiment magnifique !!! Si l'"inconnu" ne se reconnait pas ce serai grâve ^^ :D
E
Très beau...J espère qu"il lira ce texte, c'est une très belle déclaration...Bises
JusteHistoireDe
  • Des mots qui me traversent et m'emportent dans ce monde fait d'encre et de papier,dans ce jardin où le silence n'existe que dans ma tête,dans cet univers où l'on me murmure des histoires à l’oreille alors que je suis seule.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 648
Publicité